L’université estime que ces mesures lui coûteront 15 millions de dollars.
La hausse des frais de scolarité par le gouvernement provincial et la mise en place d’un plafond du nombre d’étudiants étrangers au Canada ont provoqué une baisse de 11 % parmi toutes les nouvelles inscriptions à Concordia.
Cela représente une baisse de 3,5 à 4 % de la population étudiante totale en comparaison avec l’année dernière.
Les nouveaux étudiants de premier cycle provenant du reste du Canada et de l’international sont les groupes d’étudiants les plus sévèrement touchés. Les inscriptions ont baissé de 28 % et 14 % respectivement pour ces deux groupes en comparaison avec l’an dernier. L’Université Concordia attend le 16 septembre, soit la date limite pour qu’un étudiant puisse abandonner un cours, avant de partager le nombre exact d’étudiants que représentent ces pourcentages.
Cela aura un impact important sur les finances de l’université, lesquelles étaient déjà en déficit avant la hausse des frais de scolarité. Concordia déclare que la décision du gouvernement provincial de persister avec sa hausse des frais de scolarité est l’une des causes de la baisse de nouvelles inscriptions d’étudiants provenant du reste du Canada et de l’international.
La hausse des frais de scolarité par le gouvernement du Québec a finalement vu passer les frais de scolarité minimaux d’un étudiant provenant de l’extérieur du Québec de 9000 à 12 000 $ par année, ce qui est uniquement le cas pour McGill et Concordia. Ceci reste une baisse par rapport à l’annonce initiale du gouvernement, qui plaçait le plancher pour les frais de scolarité d’un étudiant provenant du reste du Canada à 17 000 $ par an. Le plancher des frais de scolarité pour les étudiants étrangers a quant à lui été augmenté à 20 000 $ par étudiant par an.
L’université estime que ces hausses de frais de scolarité lui causeront des pertes financières.
« Sur leur impact financier, nous estimons que le coût relié aux nouvelles mesures gouvernementales pour les étudiants provenant de l’extérieur de la province représentera une perte d’environ 15 millions de dollars », écrit la porte-parole de l’Université Concordia Vannina Maestracci par courriel.
Maestracci souligne notamment la décision du gouvernement fédéral de plafonner à 360 000 le nombre de permis d’études remis à des étudiants étrangers de premier cycle pour expliquer la baisse d’étudiants étrangers, le nombre de permis remis ayant diminué de 35 % depuis 2023.
« Le déclin plus important cette année est dû à plusieurs facteurs : les changements de règles en immigration au niveau fédéral, des situations géopolitiques (tel que celle entre l’Inde et le Canada l’an dernier) en plus des nouvelles mesures introduites par le gouvernement du Québec l’an dernier pour les étudiants de l’extérieur du Québec et internationaux, qui ont créé beaucoup de confusion pour des étudiants prospectifs, et qui ont certainement découragé plusieurs étudiants internationaux de choisir Concordia », écrit Maestracci.
Concordia dans le rouge
La baisse d’inscriptions ne fait qu’exacerber la situation financière déjà difficile de l’université. Le budget de Concordia prévoit un déficit de 78,9 millions de dollars pour l’année scolaire 2024-2025. L’université a déjà identifié et confirmé 8,6 millions en économies ciblées pour réduire ce déficit.
Elle coupera son déficit de 35,8 millions de dollars supplémentaires. Pour ce faire, elle compte réduire ses dépenses pour ses activités d’enseignement et de recherche, ses activités non rattachées à l’enseignement, et ses dépenses organisationnelles ainsi que d’autres types de dépenses. Elle planifie aussi trouver des revenus supplémentaires sans toutefois y ajouter plus de précisions.
Le conseil d’administration de l’Université Concordia a donc approuvé un déficit de 34,5 millions de dollars pour cette année. Cela survient après qu’elle ait déjà perdu 30,9 millions de dollars l’an dernier, soit beaucoup plus que son déficit attendu de 19,4 millions de dollars.
Le déficit plus haut que prévu de l’an dernier a forcé l’université à adopter un plan de redressement, qui inclut un gel des embauches et un plan d’attrition, signifiant qu’elle n’embauche pas de nouveaux employés lorsque d’autres quittent. Le gel des embauches et le plan d’attrition ont tous les deux été conservés pour cette année, afin de sauver des coûts. Selon le plan de redressement, l’université devrait revenir à l’équilibre budgétaire en 2028-2029
Au moment d’écrire ces lignes, le ministère de l’Enseignement supérieur n’avait toujours pas répondu aux questions du Concordian. Le cabinet du premier ministre François Legault a aussi refusé de commenter la situation.