Environ 1900 personnes ont été tuées au Liban dans des attaques israéliennes depuis la mi-septembre.
Des membres de la diaspora libanaise de Concordia sont horrifiés, alors que l’invasion israélienne du Liban se poursuit et que plus d’un million de personnes ont été forcées de fuir leurs maisons en raison de frappes aériennes de l’armée israélienne.
Jad Harb est un étudiant international et président de l’Association des étudiants libanais (LSA) de Concordia. Il explique notamment qu’il a été très difficile de faire face au sentiment d’impuissance d’être séparé de sa famille, qui est toujours au Liban, depuis les dernières semaines.
« D’un côté, on remercie Dieu, mais en même temps, le fardeau est deux fois [plus lourd à porter], parce toute ta famille, tous tes amis, tes frères et soeurs, tes parents, sont encore tous là-bas. Tu fais juste regarder ce qui se passe derrière un écran. On se sent impuissant, et c’est très, très, très difficile de composer avec ce sentiment d’impuissance que nous avons tous », dit Harb.
Le 17 septembre dernier, des téléavertisseurs utilisés par le Hezbollah pour communiquer ont explosé simultanément au Liban, tuant 12 personnes et en blessant près de 3000. Il a depuis été rapporté qu’Israël avait caché des explosifs dans les téléavertisseurs utilisés par le Hezbollah. Le 18 septembre, 20 autres personnes ont été tuées et 450 ont été blessées lors d’explosions de walkies-talkies et d’autres équipements.
La BBC a rapporté que Tsahal, l’armée israélienne, a lancé des milliers de frappes aériennes sur le Liban depuis, affirmant viser le Hezbollah. Selon leur reportage, plus de 2500 personnes ont été tuées au Liban depuis le 8 octobre 2023, incluant 1900 entre la date des explosions des téléavertisseurs et le 24 octobre.
L’année dernière, environ 3 % des étudiants internationaux de premier cycle à Concordia venaient du Liban. Cela s’ajoute aux étudiants provenant de l’importante diaspora libanaise de Montréal, la plus grande au Canada. Selon le recensement de 2021 de Statistique Canada, plus de 30 000 personnes d’origine libanaise vivent à Montréal.
Harb explique que même si la situation est beaucoup plus difficile au Liban, il aimerait parfois être de retour auprès de ses parents. Cela lui apporterait plus de tranquillité d’esprit de savoir que si quelque chose devait leur arriver, il serait au moins avec eux.
« Du moment où tu allumes ton téléphone, jusqu’à ce que tu ouvres WhatsApp pour passer un appel, que l’appel sonne et que ta mère ou ton père décroche, ce laps de temps est le pire. Je ne souhaiterais cela à personne parce que c’est un sentiment très, très, très difficile à vivre », dit Harb.
Pour ce qui est de la LSA, Harb explique que tous ses efforts sont maintenant dédiés à récolter des fonds et des dons de matériel pour des organismes humanitaires aidant les civils au Liban, tel que la Croix-Rouge libanaise, mais aussi à offrir de l’aide aux membres de la communauté libanaise à Concordia.
« Nous étions en contact avec deux ou trois cliniques d’aide en santé mentale qui sont gérées par des étudiants libanais, que nous espérons pouvoir rendre accessible à tous les étudiants libanais, simplement pour les aider, même si ce n’est qu’un pourcent d’entre eux, pour les aider à continuer leurs études. Pour les aider simplement à vivre [au jour le jour] », dit Harb.
Sarah Sokkar est une étudiante Libano-Canadienne à Concordia ayant grandi en Égypte. Elle a aussi de la famille au Liban, dont plusieurs membres ont été forcés de fuir vers le nord, de Beyrouth vers Tripoli. Elle explique sa frustration et sa déception envers ce qu’elle considère être un manque de différenciation entre les civils et les membres du Hezbollah de la part d’Israël lors de leurs attaques.
Elle mentionne notamment que le cimetière où sont enterrés ses grands-parents a été bombardé par Israël.
« C’est incroyablement frustrant et je suis enragée. Il n’y a pas de paix même dans la mort. C’est juste incroyablement cruel. Il n’y a pas de raison pour ça. C’est juste de la cruauté et de la dépravation insensée et une forme de punition collective, même pour des gens qui n’ont littéralement rien à faire avec cela parce qu’ils sont morts », dit Sokkar.
Elle est aussi attristée par la division parmi le peuple libanais, notamment sur des bases religieuses. Elle aimerait voir le peuple libanais s’unir durant ces temps tragiques, même si elle doute que cela arrivera.
« Ça importe qui ce que les gens font chez eux? Nous sommes attaqués, nous nous faisons tuer, nos morts se font bombarder, des gens meurent », dit Sokkar.
Lara, qui a demandé à ce que nous ne publions pas son nom de famille pour des raisons d’intimité, est une Libano-Canadienne de deuxième génération qui étudie à Concordia. Elle explique à quel point il est difficile de voir ses parents regarder les nouvelles toute la journée, sans être capable de réellement faire quoi que ce soit, autre que de contacter tous ceux qu’elle connait pour leur demander s’ils vont bien.
« Tu ne peux pas juste prendre ta voiture pour aller voir comment ils se portent », dit-elle.
Elle explique aussi que des pensées sur ce qui se passe au Liban lui traversent l’esprit par vagues, tel des ondes de choc.
Elle explique aussi avoir peur que l’apathie qu’on voit parfois envers le soutien à la cause palestinienne se produise aussi avec le Liban, et que le soutien de la part de la communauté internationale ne se dégrade. Elle craint l’effet que cela pourrait avoir sur la perte de vie humaine.