L’exposition présentée par la bibliothèque Webster jusqu’à la fin de la session d’automne est le fruit d’une collaboration entre plusieurs artistes et étudiants
L’exposition Ce qui nous traverse : Ateliers d’histoire familiale, présentée à la bibliothèque Webster, a ouvert ses portes à la mi-septembre. L’installation a pour but de partager les difficultés vécues par les peuples d’Asie du Sud durant la guerre du Vietnam et le bagage émotionnel que vivent les familles immigrantes.
À travers l’exposition, les artistes présentent une partie de leurs vies et de celles de leurs familles grâce à des photos, des installations artistiques ainsi que des objets qui ont fait le périlleux voyage avec eux.
En observant l’exposition, un élève du nom de Tristan s’approche, curieux. Il est particulièrement touché par l’histoire de Hiêp, réfugié Vietnamien qui s’est rebaptisé Philippe, coutume pratiquée par plusieurs immigrants asiatiques pour mieux s’intégrer.
« La maison, pour lui [Hiêp], ne peut pas se trouver dans un hôtel cinq étoiles, mais dans sa terre d’origine, dit Tristan. Il doit donc s’adapter au nouvel espace qu’il doit appeler sa nouvelle maison et se focaliser sur son identité vietnamienne. »
Parmi les images se trouve une photographie de famille intergénérationnelle imprimée en noir et blanc. Au-dessous de celle-ci est inscrit : « Une dernière photo de famille avant d’embarquer sur les bateaux, sans savoir si on se reverra un jour », une citation qui nous rappelle que même si la guerre du Vietnam est terminée, d’innombrables familles sont victimes d’instabilité politique encore à ce jour.
Arrivés ici, les réfugiés de guerre doivent s’établir, trouver un emploi, trouver un chez-soi; bref, recommencer à zéro. Pour plusieurs, cela veut dire faire des petits boulots: être chauffeur de taxi, cuisinier ou, comme dans le cas de Lucien, père de famille et réfugié du Vietnam, concierge dans une école primaire.
Les longues heures à petit salaire rendent difficiles les économies et l’envoi d’argent à la terre mère. Une des collaboratrices dans un texte de l’exposition explique que lorsque sa mère est arrivée au Québec, elle n’avait même pas les moyens de s’offrir un sac de croustilles. Lucien, quant à lui, se nourrissait de nouilles instantanées et de Big Mac.
L’installation note aussi l’importance qu’est la création d’un espace commun pour les nouveaux arrivants et comment il est essentiel afin de préserver coutumes et langues.
De là est donc venue l’idée de la Coopérative d’habitation Santisouk & Le Bonheur à la fin des années 1980, un immeuble résidentiel développé pour une dizaine de familles laotiennes, dont la famille de Kingkèo Savejvong, collaborateur de l’exposition, a pu bénéficier au cours des années.
Situé entre les rues Henri Julien et Saint-Denis, le terrain était à l’origine très mal entretenu et comportait une importante accumulation de déchets, incluant des voitures abandonnées. Le défi était de taille, mais les membres de la coopérative étaient déterminés à créer un espace « où il fait bon vivre en famille et en sécurité », d’après Savejvong. Les résidents ont même eu l’accord de la ville pour nommer affectueusement le petit tronçon « rue du Laos ».