Ils ont fui la répression en Russie. Aujourd’hui, ils sont à la recherche d’une meilleure vie au Québec

Graphique par Mira Harumi De Koven / The Concordian

Les frais de scolarité élevés pour les étudiants étrangers et les coupes dans les cours de francisation compliquent leur intégration.

Katya Korableva est étudiante au doctorat en sciences humaines à Concordia. Pavel Fadeev est quant à lui technicien de laboratoire à l’université McGill et détient un doctorat en sociologie de l’Académie des Sciences de Russie. Tous deux ont fui la répression des opposants politiques suivant la guerre en Ukraine.

Pour ces deux étudiants, les frais de scolarité élevés pour les étudiants internationaux, qui peuvent s’élever à plusieurs dizaines de milliers de dollars, complexifient leurs cheminements et ajoutent un niveau de stress et d’incertitude à une situation qui n’est déjà pas simple. Cela vient leur créer des difficultés quant à la planification financière de la suite de leurs études.

Korableva fait remarquer que, bien qu’elle reçoive certaines bourses de l’Université Concordia, celles-ci ne compensent pas l’entièreté des ses frais de scolarité. Pour elle, cela apporte des soucis financiers imprévus et qu’elle aurait préféré éviter.

« C’est difficile de planifier pour l’avenir. J’ai mon budget pour l’année à venir, mais pour la suite, je ne sais pas », explique Korableva.

Sa thèse de doctorat à Concordia se concentre sur les aspects politiques et d’éthique relationnelle entourant l’émigration causée par les conflits. La recherche de Korableva se situe à l’intersection entre les études urbaines, les études migratoires, l’art et l’activisme.  

Pavel Fadeev explique que, lorsqu’il était gestionnaire des opérations pour Wheely, l’équivalent russe d’Uber, son patron, un ancien du cabinet du président Poutine, justifiait la guerre en Ukraine et ne lui a offert aucune aide lorsqu’il a exprimé son envie de partir travailler à l’étranger. 

Il a aussi vécu cette hostilité lors de son expérience en tant que chargé de cours en Russie après le début de la guerre. Il ressentait l’emprise que la propagande occupe sur les jeunes et il ne pouvait pas s’exprimer librement pour la combattre. C’est pour cela que Fadeev a décidé de fuir la Russie pour Montréal. 

« Je trouve l’omniprésence de la désinformation en Russie déplorable et je ne veux pas que les jeunes soient corrompus par celle-ci », explique Fadeev.

Fadeev étudie en ce moment le français avec une tutrice à travers des conversations quotidiennes d’une heure. Il a récemment appliqué au programme postdoctoral de l’Université McGill en sociologie. 

Il s’inquiète pour l’avenir de ses études doctorales et postdoctorales au Québec, faisant face à beaucoup d’incertitudes du point de vue financier, tant au niveau de son travail que de l’obtention de bourse de recherches. Il ne sait pas s’il pourra obtenir le financement nécessaire pour la poursuite de ses études. 

Fadeev perçoit les frais de scolarité élevés pour les étudiants étrangers comme une mesure dérangeante qui rapporte somme toute bien peu au gouvernement québécois. De plus, il déplore les coupes budgétaires qu’ont subies les programmes de francisation des nouveaux arrivants. 

Il croit en la défense de la culture francophone au Québec. Pour lui, le nationalisme est une chose importante qui permet à un peuple de préserver sa culture et sa langue et, puisque la culture russe lui est précieuse, il compatit avec les préoccupations qu’ont certains citoyens de sa terre d’accueil.

« Je me considère un nationaliste russe, pas dans le sens tordu que le gouvernement met de l’avant ces jours-ci. Pour moi, un membre d’une communauté à un devoir de préserver et de défendre sa culture. C’est pourquoi, ici, j’appuie le mouvement de défense de la langue française », dit Fadeev.

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