Sorti le 8 janvier dernier, sasori+fantom est la première sortie de Rounhaa depuis son dernier projet, JAAFAR, paru début 2024. JAAFAR, un album important pour cette nouvelle génération de rappeurs français, aborde les thèmes de l’amour et de la santé mentale de manière sombre.
Dès le début de la mélodie, on peut entendre des notes de guitare excessivement compressées qui résonnent comme une sorte d’alarme de bateau. Viennent ensuite des kicks (kick drums) très agressifs pour compléter l’ambiance brutaliste de la production.
Le titre du morceau s’intègre parfaitement dans le thème que Rounhaa souhaite explorer : « J’rêve de pas avoir de cœur comme Sasori. » Sasori, un personnage du manga Naruto, ne possédant pas de cœur biologique, ne peut ressentir ni douleur ni émotion.
Dans ce morceau, même si les thèmes abordés restent en territoire connu pour Rounhaa, ils sont cette fois-ci décrits de manière beaucoup plus brutale. Par exemple, dans la première pièce de son album JAAFAR, « LOVE DEATH ROBOTS », Rounhaa disait : « La sorcière m’a donné la meilleure pomme, l’amour, y a pas d’meilleure gomme. » Il voyait déjà l’amour comme un poison, faisant référence à la pomme toxique offerte à Blanche-Neige par la sorcière. En contraste, dans « sasori », Rounhaa voit désormais cet amour et cette pomme comme étant complètement morts, sans aucune nuance : « La rivière est déserte, la pomme a pourri. »
Le vidéoclip accompagnant ce morceau adopte une esthétique totalement fidèle aux thèmes abordés par Rounhaa. La plupart des plans montrent le rappeur dans un échafaudage abandonné ou sous un port maritime, le tout dans une ambiance très monotone.
Puis arrive « fantom », qui est cette fois-ci un morceau beaucoup plus rappé, en collaboration avec le principal porte-parole de cette « new wave », Luther.
La production de ce morceau est moins impressionnante que celle de « sasori », avec cette fois-ci une ambiance plutôt minimaliste, tout en conservant le principe de kicks très rapides.
Ce morceau crée un contraste avec le précédent, « sasori ». Alors que ce dernier parlait d’amour ou surtout de la mort de l’amour, « fantom » est beaucoup plus tourné vers la vision personnelle de Rounhaa vis-à-vis au monde, toujours avec cet aspect d’indifférence : « Je m’en fous de c’qu’ils disent, t’façon bientôt on est tous morts. »
Puis vient l’entrée de Luther, qui rappe correctement tout en ne s’imbriquant que légèrement dans le thème instauré par Rounhaa. Luther, ici, fait ce qu’il maîtrise le mieux, c’est-à-dire décrire son train de vie ironiquement banal avec une touche d’humour.
L’influence de la scène américaine est très présente sur ce morceau, plus précisément celle des rappeurs du collectif Opium, autant dans les ad-libs que dans les flows et la production. Une influence que Rounhaa assume totalement depuis son dernier album.
Dans ce double single, Rounhaa joue de plus en plus avec le nihilisme et laisse peu de place à l’espoir, que ce soit en amour ou au niveau sociétal.
Il propose une ambiance encore plus pesante que dans ses projets précédents, marquant sûrement une transition vers la direction qu’il pourrait perfectionner lors de son prochain projet attendu.
Note : 7/10
Chanson cible : sasori