« Mon âme est à Concordia. / Mes amis ont monté une exposition de photos que j’ai prises. / Vos yeux étaient mes yeux et vos âmes étaient mon âme. […] J’écris ce [message] alors que je suis assis à la porte de l’hôpital, attendant de bonnes nouvelles sur la santé physique de ma mère. / J’espère que la voix de la vie nous reviendra et j’espère que nous obtiendrons la liberté. »
Contacté à Gaza pour cet article, le photographe gazaoui Hossam Anwar a tenu à s’exprimer sur l’exposition qui présentait ses photos de Gaza, montrant la beauté et l’espoir malgré la dureté du moment.
Anwar venait d’être diplômé de l’Université de Palestine juste avant le 7 octobre 2023. Aujourd’hui, tous les bâtiments de cette université ont été bombardés et ne sont plus en fonction.
L’événement Gaza in Focus avait pour objectif de récolter de l’argent pour Anwar tout en rassemblant la communauté. L’exposition a eu lieu le dimanche 26 janvier au café Eera, près de la station Lionel-Groulx, quelques jours après l’annonce du cessez-le-feu.
Cette annonce a été un moment de joie et de soulagement, mais aussi de commémoration pour ceux qui ont péri pendant la guerre. Gaza in Focus commémorait une des victimes de la guerre : Mohannad Khaled, un ami proche d’Anwar.
« Mohannad Khaled a été assassiné en novembre par l’occupation israélienne. Mohannad, comme Hossam, était jeune, comme beaucoup d’étudiants à Concordia », partage Danna Ballantyne, coordonnatrice des affaires externes et de la mobilisation de l’Union des étudiants et étudiantes de Concordia (CSU) et organisatrice de l’événement.
L’idée de l’événement venait d’une étudiante qui « traversait un moment vraiment difficile et cherchait des moyens de partager l’histoire de Hossam », raconte Ballantyne.
Cette étudiante, qui désire garder l’anonymat, s’est liée d’amitié avec le photographe et a appris sa situation difficile.
« Je me sentais mal de ne pas pouvoir trouver de l’aide, raconte l’étudiante. J’étais au septième étage pendant trois heures à regarder autour de moi, parce que quelqu’un m’a dit que je pourrais peut-être trouver quelqu’un pour m’aider. Finalement, je suis allé à la CSU. »
C’est là que l’idée d’organiser une exposition autour des photos d’Anwar a vu le jour.
Rassemblé autour d’expériences subjectives
Le jour de l’exposition, le café irannien Eera, qui a l’habitude d’accueillir des expositions artistiques de tout genre, était rempli d’étudiants et de personnes plus âgées. Rassemblés autour d’une tasse de thé, c’était un moment pour la communauté de se rassembler autour de différentes voix palestiniennes.
La chanteuse palestinienne Mira Al-Muti s’est produite à l’événement, présentant un spectacle très personnel. Certaines chansons exprimaient son ressenti de la dernière année, durant laquelle la chanteuse vivait des moments difficiles, alors que d’autres chansons étaient pleines d’espoir.
Les photos présentées témoignaient de tout ce qui s’est passé depuis le 7 octobre 2023 mais proposaient aussi une vision optimiste de la situation à Gaza.
« Il fait des portraits, des photos de paysages, de destruction, mais il photographie aussi ce que les gens créent à Gaza. Voir la mer à Gaza, c’est tellement rassurant et en quelque sorte, le simple fait de la regarder donne l’impression que tout va bien se passer. [C’est] une expérience très humaine de Gaza, qui est belle d’une manière différente », dit Ballantyne.
La particularité des photos d’Anwar réside dans la poésie qui s’en dégage. Traitant d’un sujet souvent teinté de statistiques et de gros titres dans les journaux, ses images illustrent des sentiments propres à son vécu. On y trouve beaucoup de bonheur, de créations, de moments du quotidien. Les photos exposées étaient mises aux enchères. Au moment de la rédaction de l’article, près de 2500 dollars ont été récoltés, selon la CSU. Ils seront envoyés à Hossam Anwar pour l’aider à payer son loyer et sa nourriture.
« Cet événement est vraiment spécial pour moi en raison de son côté communautaire. Il est rare que nous ayons l’occasion de rencontrer autant de groupes différents en une seule soirée », affirme Ballantyne.
Intéressées par la démarche de l’événement, plusieurs associations étudiantes ont rejoint le projet. L’événement a été réalisé en collaboration avec Academics for Palestine, le Groupe d’action décoloniale en histoire de l’art, le Réseau des étudiant(e)s arabes, Voix juives indépendantes Concordia, ainsi que quelques petites entreprises qui soutiennent la cause palestinienne.
« Mon âme est à Concordia.
Mes amis ont monté une exposition de photos que j’ai prises.
Vos yeux étaient mes yeux
et vos âmes étaient mon âme.Je voyais pour vous montrer
Et vous m’avez fait me tenir à Concordia aujourd’hui avec votre aideEt par votre opposition à tous les massacres qui nous arrivent
Et pour les enfants, les femmes et les personnes âgéesJ’écris ce [message] alors que je suis assis à la porte de l’hôpital, attendant de bonnes nouvelles sur la santé physique de ma mère.
J’espère que la voix de la vie nous reviendra
et j’espère que nous obtiendrons la liberté »-Hossam Anwar